vendredi 2 octobre 2009

L'effet du bac à roulettes : réactions

Réactions à l'article paru dans le Courrier Laval: L'effet du bac à roulettes

Madame Villeneuve,
«Attention aux lunettes roses, cependant», nous prévenez-vous. Vous avez sans doute raison de nous mettre en garde. En effet, même s’il vaut mieux recycler qu’enfouir nos déchets, cette opération «bac à roulettes» est-elle une si bonne affaire lorsqu’on songe aux coûts et à la pollution liés à la cueillette des déchets potentiellement recyclables ? À Laval, celle-ci est effectuée par un camion différent de celui qui ramasse les autres déchets, alors que dans certaines municipalités, un même véhicule recueille tous les types de déchets, y compris ceux qui servent au compostage, ce qui diminue évidemment la pollution liée à la consommation d’essence, entre autres.
Par ailleurs, vous nous informez, Mme Villeneuve, que seulement 127 (86%) des 147 kg de déchets de papier, de plastique, de verre ou de métal que génère annuellement un Québécois sont recyclables. Mais qu’advient-il en réalité de mes 127 kg de déchets potentiellement recyclables, une fois que le camion les a emportés ? Quel traitement leur fait-on réellement subir ? Le site de la Ville de Laval nous assure : «Toutes les matières recyclables déposées dans votre bac roulant sont acheminées dans un centre de tri où elles sont triées mécaniquement et manuellement.» Est-ce vraiment ce qui se passe ? Est-il exact qu’aucune matière recyclable ne prend le chemin du site d’enfouissement ? Et une fois classées, que deviennent ces matières résiduelles ? Quel pourcentage est effectivement recyclé ? Quel pourcentage, une fois trié, serait ensuite enfoui ou entreposé indéfiniment, faute d’acheteurs ? Des rumeurs contradictoires au sujet de ce processus circulent… Comme bien des gens, lorsque je mets mon bac au bord du chemin, je pense : «J’espère que je ne fais pas ça pour rien !»
D’autre part, l’augmentation du pourcentage de déchets qui se retrouvent dans le bac à recyclage n’indique-t-elle pas que l’on néglige les deux autres R (Réduire et Réutiliser) qui, normalement, devraient précéder l’action de Recycler ? Une solution plus durable semble en effet passer par la réduction, à la source, des 404 kg de déchets générés annuellement par chaque Québécois. Il existe différentes façons d’y parvenir : refuser d’acheter des produits suremballés, se procurer des produits vendus en vrac de manière à réduire au minimum l’emballage, réutiliser ses contenants de plastique ou de verre, etc.
Toutefois, il n’en demeure pas moins que ce sont présentement les municipalités qui se trouvent aux prises avec la gestion des matières résiduelles. Tant que le Canada ne se dotera pas de certaines règlementations pour empêcher le suremballage, comme la Communauté Européenne l’a fait, ou pour obliger les fabricants à gérer tout le cycle de vie (y compris la destruction) de leurs produits, rien ne sera vraiment réglé.
Cécile Racine, membre du Parti Vert du Canada (Laval-Les Îles)